Comment vivre spirituellement le Mardi gras pour mieux vivre le carême ?

Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, mais surtout du fait d’un manque de catéchèse chez beaucoup de chrétiens catholiques ou même d’une catéchèse qui n’a pas été bien assimilée, beaucoup de débats s’invitent sur la toile et mettent mal à l’aise des catholiques. C’est le cas du sens chrétien du mardi gras. Comment comprendre cette journée qui précède le temps de carême ? Le mardi gras est-il utile ?

1-Au niveau historique

À l’instar des fêtes comme Noël et d’autres célébrations, le mardi gras fait partie des célébrations festives de l’empire romain, récupérées et inculturées par les premiers chrétiens. Le mardi gras clôture la semaine carnavalesque qui conduit à la célébration de la fin de l’hiver. Quand les chrétiens instaurent un temps de carême permettant de célébrer Pâques, ils instituent un jour permettant de se préparer à bien rentrer dans le grand temps de carême, c’est le mardi gras.

2-Le mardi gras est-il biblique ?

Comme j’ai l’habitude de le dire, la Bible est un produit de l’Église, c’est l’Église qui a donné naissance à la Bible. C’est l’Église naissante qui a établi un canon qui a permis de réunir un ensemble de livres. C’est ce qu’on appelle la Bible. Le christianisme est né dans un environnement religieux, culturel et convictionnel. Les défenseurs de la foi, inspirés, trouveront un langage, un vocabulaire dans les premiers siècles pour nommer des faits bibliques. C’est le cas de la Trinité et du langage que nous utilisons dans le Credo de Nicée-Constantinople. Les théologiens du premier siècle ont donné au christianisme un langage que nous utilisons aujourd’hui. Dans la Bible, nous avons beaucoup de récits et de psaumes qui invitent à ne pas jeûner, à avoir une mine joyeuse. Le mardi gras fait partie de ces jours de joie.

3-Au niveau liturgique

Si le mardi gras est à la veille du carême chrétien, c’est que c’est un jour du calendrier liturgique chrétien catholique. Qui a appelé ce jour mardi gras ? C’est l’Église parce que simplement, c’est le dernier jour festif de l’année liturgique avant d’entrer dans le carême. Voilà pourquoi on l’appelle gras. Ce mardi est simplement gras pour créer liturgiquement la différence avec le temps sobre de carême. Aujourd’hui, comme surtout en Afrique, étant donné qu’on ne respecte plus la sobriété du temps de carême dans les chorales et les groupes de prière, on ne sait pas la portée spirituelle du mardi gras. Qui est réduit au déguisement des enfants. Le carême, c’est la sobriété liturgique, le mardi gras, c’est une journée festive.

4-Au niveau spirituel

Sur le plan spirituel, le mardi gras doit nous préparer aux attitudes du temps de carême. Quand on parle d’un repas gras, c’est un repas de fête bien arrosé. Ce qui est important le mardi gras, c’est comment spirituellement, je me prépare à entrer dans le temps de carême pour bénéficier des grâces. Le mardi gras est un jour où nous préparons, dans la joie, nos outils spirituels pour vivre le temps favorable de carême. Le mardi gras nous permet de ne pas être surpris par le temps de carême. Quand une armée doit aller en guerre, elle réunit ses armes. Le mardi gras, c’est le jour de rassemblement de nos armes spirituelles dans la joie parce que nous sortirons victorieux du combat dans le désert.

Que retenir ?

Le fait de bien fêter le mardi gras ne signifie pas qu’on est dans le paganisme. Le mardi gras est un passage du temps ordinaire au temps de carême qui change nos habitudes. Pour ceux qui respectent bien les sens spirituels, théologique et historique des temps liturgiques comprendront que le mardi gras n’est pas seulement un jour de déguisement d’enfants, un jour pour seulement boire et manger. Les gestes et actes festifs de mardi gras nous préparent au jeûne, à l’abstinence et au partage du temps de carême. Si tu as bien fêté le mardi gras, tu dois bien jeûner sans repas et sans boisson durant le temps de carême. Si tu as bien fêté le mardi gras, tu dois bien partager pendant le temps de carême. Si tu as été en tenue de fête au mardi gras, durant le temps de carême, on doit sentir un style sobre dans ta vie.

Si dans l’histoire les chrétiens ont instauré un mardi gras, cela a un sens spirituel, et c’est parce que l’homme a besoin de symboles forts. Normalement, le jour de mardi gras, chacun doit préparer déjà son carême, définir sa feuille de route spirituelle de carême, les résolutions de carême. C’est cela le mardi gras. Le mardi gras n’est pas un concours de déguisements d’enfants sur Facebook, ce n’est pas un jour de commentaires du plus bel enfant sur Facebook. Le mardi gras n’est pas une journée des enfants déguisés. Le mardi gras concerne les chrétiens de toutes les générations. C’est tout le monde qui est invité à la joie de ce passage au temps de carême. En famille, entre amis, sur les paroisses, dans les groupes, entre collègues chrétiens, on peut organiser un temps joyeux pour nous préparer à entrer en carême. On peut partager un repas au cours duquel on échange sur la manière dont on pourra vivre spirituellement le temps de carême.
Pourquoi en famille ne pas faire du mardi gras un petit moment joyeux où on partage un repas ensemble et on se donne des consignes sur la manière dont on fera carême ensemble ? D’un point de vue pastoral, les chrétiens doivent bien contextualiser aujourd’hui le mardi gras pour que ce jour soit un véritable jour de joie. En vue de se préparer spirituellement, moralement et liturgiquement pour bénéficier pleinement les grâces du temps de carême.

À partir de cette réflexion, évitez les débats autour du sens chrétien du mardi gras. Parce que ceux qui remettent en cause le sens chrétien du mardi gras, ne reconnaissent pas aussi le temps de carême et ne partagent pas avec nous le même calendrier liturgique et la même tradition ecclésiale. Le mardi gras se situe dans un tout ecclésial. Le mardi gras n’est donc pas un fait isolé. Pour le comprendre, il faut comprendre la liturgie de l’Église catholique.

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