À l’école de la Trinité 1 : Connaître la Trinité
Tout d’abord, il ne faut pas avoir peur de parler de la Trinité. On vous dira que c’est compliqué, difficile. Non, il ne faut pas faire peur aux chrétiens. Dans le christianisme, rien n’est compliqué. Dieu nous a donnés la foi et la raison pour qu’on parle aisément de lui sans le saisir et le maîtriser, parce qu’il est Dieu. Et c’est cela la beauté de la théologie, à savoir étudier son Créateur tout en sachant que nous sommes des créatures limitées.
La Trinité est donc la doctrine la plus simple en théologie et dans la vie chrétienne. Nous pratiquons toujours la Trinité, nous la connaissons, mais nous refusons de la comprendre parce que tout le monde nous dit que c’est difficile. Le christianisme est une religion simple puisque par l’incarnation Dieu nous dit qui il est. Ainsi Dieu lui-même nous aide à le connaître, à le comprendre pour ne pas le confondre à nos imaginations et démangeaisons que nous divinisons et pour ne pas le confondre à des divinités sans oreilles, des divinités créées.
Notons à partir d’aujourd’hui que la Trinité est simple parce que notre Dieu est simple, il n’est pas mystérieux, il est Mystère qui se fait saisir lui-même. La beauté de la théologie et de notre vie de foi, c’est croire avec la raison, tout en étant conscient que notre intelligence ne peut pas saisir l’objet de notre croire. Du coup, on devient humble. De même, ce qui est intéressant dans le christianisme, est que c’est Dieu lui-même qui ouvre notre intelligence et nous parle de lui-même. C’est pourquoi, dans le christianisme, il n’existe pas des érudits de Dieu, des gourous qui possèdent Dieu et le font connaître. Tous et toutes, nous balbutions. Voilà pourquoi nous ne sommes pas des connaisseurs de Dieu, mais des serviteurs de Dieu. Personne ne peut connaître Dieu même après la mort, puisque pour le connaître, il faut être dans la Trinité. Voilà pourquoi on ne révèle pas Dieu, c’est Dieu qui se révèle. C’est en ce sens que dans le judaïsme, on ne voit pas Yahvé de face. Même Moïse le voit de dos. Dans le christianisme, nous avons la grâce de le voir face à face, que le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Mais l’incarnation ne signifie pas qu’on maîtrise Dieu, qu’on le saisit. Celui qui veut le saisir aura le femur brisé comme Jacob lors du combat de Yabbok et sera éternellement handicapé, il boitera de la hanche (Gn 32,23-32).
Nous allons, à travers quatre balbutiements, donner des pistes de connaissance de la Trinité pour bien croire et la vivre comme un style, sans l’étudier comme dans un laboratoire.
La Trinité est la foi en un Dieu Un et trine, c’est-à-dire Un Dieu en trois Personnes divines, mais ce n’est pas une croyance en trois divinités isolées, donc ce n’est pas un polythéisme. Le Père est Dieu, le Fils est Dieu et l’Esprit est Dieu. Mais les trois Personnes divines vivent en communion, dans une unité d’amour.
Comment le mot Trinité est né dans l’histoire ?
Le mot Trinité qui vient du latin : Trinitas : Tri+Unitas, n’est pas dans la Bible. Le vocabulaire a été inventé par le théologien africain Tertullien à partir des Écritures entre (155-220). Notons qu’au début du christianisme, au niveau systématique, on ne parlait pas de la Trinité. Dans les débats théologiques, la foi en un Dieu Père a été accueillie sans grande difficulté. Il faut dire que Jésus lui-même a été tué parce qu’il prétendait être Dieu et Fils de Dieu. Dans le judaïsme, on croit en un seul Dieu, c’est un monothéisme radical : « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est le seul » (Dt 6,2-6). Donc c’est blasphématoire d’affirmer que Jésus est Dieu. Dans les croyances romaine et grecque, l’on croyait au polythéisme.
Le christianisme naissant, en affirmant que Jésus est Dieu remettait en cause la foi juive et les croyances Romano-grecques. Il fallait attendre en l’an 325 pour que l’Église Une Sainte, Catholique et Apostolique affirme officiellement que le « Fils est Dieu, vrai Dieu, engendré non pas créé, de même nature que le Père ».
Donc à partir de l’an 325, la question de la divinité du Fils a été résolue en s’appuyant sur la Bible et sur la Tradition apostolique. En l’an 381, au concile de Constantinople l’Église proclama que l’Esprit est Dieu : « il reçoit avec le Père et le Fils, même adoration, même gloire, même honneur ».
De manière officielle, à partir de l’an 381, le dogme de la Trinité est clairement défini, mais il fallait mieux l’expliquer.
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