Le Miracle dans l’Église catholique

Aujourd’hui, avec l’avènement en Afrique de plusieurs spiritualités qui prétendent tout résoudre par des miracles, le catholique africain se pose des questions sur le miracle. À partir de la théologie de l’Afri-Christ, j’aimerais donner des pistes théologiques et doctrinales pour proposer une réflexion au chrétien catholique africain sur la thématique du miracle. Comment comprendre le miracle ?

La définition du miracle

Le terme miracle vient d’un vocabulaire latin, Mirari, qui signifie s’étonner. Il est question d’un fait qui dépasse la nature normale des choses, qui dépasse l’entendement humain et crée la stupéfaction chez l’homme. À partir de cette définition, nous pouvons comprendre que le miracle dans la Bible découle de Dieu, c’est une manifestation de sa divinité, de sa puissance. C’est pourquoi l’histoire biblique est constituée de miracles parce qu’elle est une histoire de Dieu.

Quelle est la finalité d’un miracle ?

Le miracle dans Bible est un signe, un prodige qui n’est qu’une réalité qui nous ramène à Dieu. Dans le miracle, on dépasse le signe pour contempler et adorer celui qui est à l’origine du miracle, Dieu. C’est pourquoi dans la Bible, après chaque miracle, c’est Dieu qui est loué. Lorsque Jésus impose le silence messianique, même les esprits mauvais l’adorent. Le miracle n’est donc pas opéré pour la gloire d’un humain, pour l’élévation d’un individu, mais pour mettre en évidence Dieu et Dieu seul.

La doctrine et les miracles

Selon le philosophe Blaise Pascal, « les miracles discernent la doctrine et la doctrine discerne les miracles ». Il y a alors un lien entre le miracle et l’enseignement de l’Église. Un des critères pour reconnaître un miracle est son lien avec ce que dit l’Église. Déjà dans le livre du Deutéronome, c’est ce critère qui est précisé pour détecter les faux prophètes (Dt 13,2-5 ; 18,21-22). Dans ces versets, il est question de discerner les signes des prophètes à partir de la parole de Dieu. Dans le Nouveau Testament, Jésus nous met en garde contre les signes et les prodiges des faux prophètes (Mc 13,22). Paul nous parle du déguisement de Satan pour la perte des âmes (2 Co 11,14 ; Ga 1,5-9). Le discernement est donc important pour tester les prophéties nouvelles et les miracles aujourd’hui.

Le fruit spirituel des miracles

« C’est au fruit qu’on reconnaît un arbre » (Mt 12,22). Voici un deuxième critère pour discerner un miracle. Quel est le message nouveau que nous apporte le miracle qui est opéré ?
Dans la Bible, nous avons plusieurs miracles qui nourrissent notre foi. Donc le miracle nouveau doit nous apporter un plus dans notre vie spirituelle.
Il y a plusieurs miracles qui ont permis à l’Église de proclamer une doctrine. C’est le cas de l’immaculée conception de Marie avec l’apparition de la Vierge à la petite Bernadette à Lourdes. Donc un miracle qui n’ajoute pas un plus à la foi, à l’enseignement de l’Église, mais qui a pour but de diviniser quelqu’un, d’attirer par une grande publicité des clients dans les entreprises chrétiennes d’aujourd’hui dont certaines se font appeler églises, ministère, apostolat, sacerdoce est un fait à la gloire de groupes et individus.

La reconnaissance d’un miracle par l’Église catholique

Dans l’Église catholique, c’est le Magistère, c’est-à-dire le pape et les évêques qui reconnaissent une intervention divine après une procédure qui inclut des théologiens, des canonistes, des médecins, des anthropologues, des psychologues, des sociologues, etc. Par exemple, à Lourdes, nous avons un bureau médical qui examine les dossiers, authentifie les cas, mène les enquêtes et fait un travail et une étude pendant cinq ans pour attester de la guérison miraculeuse.
Ensuite, le bureau fait un suivi durant les quinze années après le miracle ou la guérison, selon le docteur Patrick Theillier, ancien responsable du bureau médical de Lourdes. Car après un fait miraculeux lors d’une prière, il faut un bon temps d’observation pour affirmer qu’il y a eu vraiment un miracle.
Après les enquêtes des experts, les dossiers sont transmis aux autorités ecclésiastiques qui peuvent déclarer le miracle ou pas (Cf La Croix du 9 juin 2015).
Donc dans l’Église catholique, un individu ne déclare pas qu’il y a eu un miracle. Il y a une procédure à suivre. L’Église observe une grande prudence, car elle ne doit pas mentir, puisque Dieu est dans le vrai. Du fait de l’importance de la foi des fidèles, l’Église utilise donc tous les moyens spirituels et scientifiques avant de déclarer publiquement un miracle. Elle donne même la parole à des scientifiques non catholiques pour l’expertise.

Que retenir ?

L’Église catholique invite les chrétiens à la prudence face aux faits merveilleux dans les séances de prières, parce que Satan lui-même, qui est Lucifer, l’ange de lumière déchu, peut par la ruse agir de manière miraculeuse pour tromper les enfants de Dieu. Dans la Bible, Pharaon face à Moïse a opéré des signes et des prodiges (Ex 8,12-15). L’Église nous invite à fonder notre foi sur le Christ et non sur des étoiles filantes, du mystérieux et du merveilleux. Devenir chrétien, c’est accepter une Personne, le Christ. Aujourd’hui, du fait de la souffrance et de la misère qui ne sont pas l’œuvre de Dieu, nous façonnons une Église qui doit répondre à nos attentes passagères. Nous réduisons le salut au mariage, à l’enfantement, à la richesse facile, à la prospérité malhonnête, à la guérison.
Suivre Dieu n’est pas une absence d’épreuve. Celui qui pratique les fruits de l’Esprit sait affronter les épreuves et être victorieux. La course au merveilleux nous conduit très souvent à Satan.
Le christianisme est une religion simple parce que Dieu est dans la simplicité. Quand vous voyez un christianisme où on sélectionne les versets merveilleux de la Bible, un christianisme de vente d’huile et de parfum, un christianisme où l’on conditionne le miracle par la valeur de vos dons, c’est un christianisme loin de l’enseignement du Christ et de l’Église catholique romaine.

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Père Marius Hervé Djadji
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