L’Église poignardée : Lc 10,25-37)
L’Eglise poignardée: Lc 10,25-37)
La péricope lucanienne appelée le bon samaritain (Lc 10,25-37) peut être interprétée et actualisée à partir de plusieurs réalités. Ici, j’aimerais proposer une herméneutique beaucoup plus ecclésiologique dans l’actualisation du texte.
Qui est le blessé de Luc?
L’Église, ecclésia, c’est-à-dire le rassemblement de tous ceux qui ont répondu à l’appel de Dieu. Elle est donc constituée de l’invisible et du visible, du spirituel et de l’institutionnel, elle est un mystère puisqu’elle découle de la trinité. Dans son parcours, dans sa marche sur terre, elle est souvent attaquée, blessée, rouée de coups de couteaux, abandonnée dans le sang et dans les douleurs, c’est le mystère douloureux. Elle est insultée, méprisée, persécutée depuis les premiers siècles. Aujourd’hui encore, le pape, les évêques, les prêtres, les diacres, les laïcs, tout le peuple de Dieu est attaqué de l’intérieur comme de l’extérieur.
Qui sont les brigands qui l’attaquent ?
De l’intérieur, beaucoup l’attaquent, des pasteurs comme des fidèles laïcs veulent détruire sa doctrine au nom de leurs intérêts pour leur nouvel ordre mondial. Chacun veut son Église, selon ses imaginations.
Elle est attaquée dans sa verticalité comme dans son horizontalité. Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, beaucoup insultent le pape, l’attaquent de manière frontale au sein même de l’Église.
Au niveau externe, les persécutions continuent, des prêtres et des évêques sont tués sans enquêtes, sans que les donneurs de leçons et des chantres des droits de l’homme ne disent un seul mot parce que tuer un prêtre dans le désert, enlever et tuer des prêtres au Nigeria, massacré des fidèles en Orient, poignarder un prêtre, c’est normal, c’est la liberté, insulter l’Église, parce qu’elle ne fait pas comme veulent les grands de ce monde, c’est cela l’évolution. Tout le monde peut parler sauf l’Église, c’est cela la nouvelle liberté d’expression.
Qui est le bon Samaritain ?
Luc dans son récit nous parle du bon samaritain qui a pris le blessé, l’a fait soigner, qui a dépensé pour le sauver. Quand l’Eglise est attaquée, souvent ses propres enfants l’abandonnent. Heureusement que le Christ est là pour le soigner, pour guérir ses plaies, pour la relever, pour la remettre au Père et à l’Esprit. Oui, le Christ sera toujours là pour réconforter, soutenir, soigner, relever l’Eglise par les sacrements. Le Christ portera toujours l’Eglise blessée, le Christ guérira toujours et réconfortera ceux qui ont été blessés au sein même de l’Eglise parce que tous ceux qui ont connu des abus sexuels, qui souffrent de persécution et même d’injustice au sein même de l’Eglise, le Christ les accueille parce que lorsqu’un enfant de l’Eglise est blessé, c’est l’Eglise qui souffre, c’est le Père qui pleure, c’est la Vierge qui coule les larmes comme Rachel qui pleure ses enfants.
Que retenir ?
Le Christ sera toujours là pour guérir l’Eglise balafrée, l’Eglise clouée. Le Christ n’abandonnera pas son Eglise. Il est la Tête, il nourrira toujours les membres de son corps. C’est une Eglise guérie, c’est une Eglise soignée par le Christ qui pourra à son tour porter le monde blessé vers le salut car c’est cela sa mission, porter toute l’humanité au Christ. Oui, quand on pense qu’elle est morte, c’est là que l’Eglise se réveille parce que le Christ lui offrira toujours le huitième jour, le jour sans nuit, le jour sans heures, le jour qui nous conduit tout droit dans le jour eschatologique.
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Père Marius Hervé Djadji
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