Carême-Exhortation 2 : La théologie du Pardon
Au cours de ce temps de carême, en dehors de la catéchèse sur le démon que nous dispensons, nous proposons des exhortations sur des thématiques liées à ce grand temps liturgique. À notre manière, nous entretenons les catholiques sur la toile.
Parce qu’aujourd’hui, nous sommes obligés de retrouver les catholiques là où ils sont, là où ils se retrouvent. Ce n’est plus le temps où les fidèles viennent vers les pasteurs. Aujourd’hui, ce sont les pasteurs qui doivent aller trouver les fidèles là où ils se retrouvent. Et un des lieux qu’ils adorent, c’est la toile. Voilà pourquoi nous proposons un carême sur la toile pour aider les fidèles dans leur engagement paroissial, familial et professionnel. Ce tri-locus est la finalité de tout ce que nous faisons.
Les quatre dimensions du pardon
Après la thématique de l’intériorité, aujourd’hui, nous allons aborder dans notre parcours spirituel, les quatre dimensions qui donnent sens au pardon.
Le pardon est un élément fondamental dans la spiritualité chrétienne et dans la vie de tous ceux qui décident de suivre Jésus-Christ. Quand on médite profondément la question du pardon dans la vie du Christ, nous pouvons dire que le pardon était au centre de son enseignement. Pour le Christ, le pardon précède tout acte cultuel : « Avant d’aller vers mon autel, pardonne et réconcilie-toi et viens dans ma maison » (Mt 5,24). Et sur la croix, il nous laisse un enseignement nouveau et révolutionnaire sur le pardon. Ce n’est plus le coupable qui pardonne, mais c’est la victime qui entreprend une démarche de pardon, ce qui donne le vrai sens du mot pardon : « Père pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,24). Je vous propose dans cette méditation quatre grandes dimensions du pardon véritable.
Les quatre dimensions du pardon
Le pardon est une réalité existentielle qui prend en compte tous les domaines de la vie, tous les aspects de l’existence. C’est dans cette optique que nous présenterons notre thème en lien avec les différentes dimensions constitutives de la personne humaine.
La dimension verticale du pardon
Le chrétien est toujours relié à Dieu, son Créateur de qui il reçoit la vie, la croissance et l’être. Dans sa relation à Dieu, tout homme fait l’expérience du mal, de la faute, ce que nous appelons au niveau religieux le péché. Quand on commet le péché, nous blessons d’abord Dieu qui nous aime et qui nous a créés à son image. C’est pourquoi nous sommes invités à faire une démarche de pardon envers ce Dieu qui nous pardonne. Dans cette démarche, nous faisons l’expérience de la miséricorde de Dieu, de son amour infini.
La dimension personnelle du pardon
Chaque fois que nous blessons Dieu ou l’autre, chaque fois que nous sommes dans le mal, nous nous blessons intérieurement, moralement, spirituellement et même physiquement. Nous détruisons l’harmonie intérieure, la cohérence de notre être. C’est pourquoi le pardon exige une réparation envers soi-même. Dans le pardon, nous sommes invités à guérir ce qui a été blessé en nous. Il y a donc une introspection importante à faire, un retour sur soi.
La dimension horizontale du pardon
Après les dimensions verticale et personnelle, l’être humain, comme le dit le philosophe Jean-Jacques Rousseau, est un être qui vit en société. Cela rejoint le récit de la création. Dieu crée Adam et ensuite Eve, car sans un autre humain, Adam était seul. C’est pourquoi, selon l’auteur biblique, Adam fut tout heureux en voyant Eve.
Donc Dieu a créé les hommes pour vivre en société dans une communion fraternelle. Cependant, des ruptures, les blessures, le manque d’attention et la lutte pour des intérêts personnels et communautaires engendrent le mal et conduisent au péché. Malgré ces fragilités, Dieu nous invite à revenir à la situation initiale qui est celle de la communion et de la joie. C’est en ce sens qu’il faut situer la démarche du pardon envers un parent, un collègue, un ami, etc. Parce que le vrai bonheur, c’est lorsqu’on partage la joie avec les autres.
La dimension écologiste du pardon
« La Création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8). Dans cette phrase de la péricope paulinienne, c’est une interpellation dans notre relation avec la création. Par notre comportement, nous blessons la création qui est un don que Dieu nous a fait pour nous rendre heureux. C’est pourquoi dans le livre de la Genèse, il est dit que Dieu a soumis la création à l’homme. Le verbe soumettre ici est employé dans le sens de respecter la création. Chaque fois que nous ne respectons pas la nature, chaque fois que nous blessons la création, nous sommes invités au pardon. Aujourd’hui, ce pardon se traduit dans le respect de la maison commune, que nous lance, comme message, le pape François.
Que retenir ?
À partir de ces quatre dimensions du pardon pratiqué, nous pouvons devenir de véritable témoin du Christ et donc missionnaire dans notre milieu de vie, comme nous l’invite Mgr Jean-Luc Hudsyn dans sa lettre pastorale sur la mission. C’est dans ma relation envers Dieu, envers moi-même, envers l’autre et envers la création tout entière que je peux prétendre être un missionnaire. L’audace d’une conversion est donc un style de vie qui prend en compte les quatre éléments qui symbolisent les quatre points cardinaux. Celui qui agit ainsi, pardonne et reçoit aussi le pardon. Telle est la joie de se réconcilier avec Dieu. Car se réconcilier avec Dieu implique toutes les dimensions citées. Donc le chrétien doit toujours se poser quatre questions fondamentales dans son cheminement spirituel. Suis-je en harmonie avec Dieu ? Suis-je cohérent envers-moi même ? Ou encore, est-ce qu’il y a une harmonie entre ma vie intérieure et mes actes extérieurs ? Quels sont mes rapports avec les autres dans la société ? Quel est mon rapport avec l’environnement ?
On ne parle donc du pardon que lorsqu’il y a une harmonie avec ces quatre points : Dieu, Soi-même, les autres et la nature. Quand un seul élément manque, on ne peut pas parler de pardon et de réconciliation.
Notez que c’est dans la prière silencieuse, dans la méditation intérieure et dans la contemplation qu’on atteint les quatre dimensions du pardon. La spiritualité du bruit nous éloigne de ces quatre aspects du pardon.
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Père Marius Hervé Djadji
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