Christianisme et Panafricanisme

Le Panafricanisme est ce grand mouvement révolutionnaire qui lutte pour une reconnaissance de l’Afrique et de tout le peuple noir dans sa dignité et dans ses valeurs devant les autres peuples et continents. Le panafricanisme prend en compte la culture, la politique, l’art, l’économie, la religion et l’identité. Le panafricanisme lutte pour le développement intégral de l’homme noir et de l’Afrique. C’est à partir de 1900 que cette idéologie sera systématisée.

En fonction des époques et selon les contextes naissent plusieurs courants et formes de Panafricanisme. Aujourd’hui, les web médias, les réseaux sociaux, sont des espaces à travers lesquels les leaders des courants Panafricanistes s’expriment.
Quand on décortique le contenu des messages des groupes Panafricanistes d’aujourd’hui, nous trouvons des courants dont le message combat le christianisme traité comme outil de sous de sous-développement moral, économique et culturel de l’Afrique.

Cette forme de Panafricanisme remet en cause les religions monothéistes. Le Dieu du christianisme est vu comme le Dieu des occidentaux colons. C’est un Panafricanisme kemite qui prône le retour aux religions ancestrales africaines. Dans son message, ce Panafricanisme a tendance à faire croire que le Panafricanisme et le christianisme sont incompatibles. Il est important de rétablir la vérité pour que les générations ne soient pas manipulées dans leur noble combat. Que dire face à cette thèse ?

1-Au niveau de l’histoire du salut

Dans une analyse objective des textes bibliques, nous découvrons que l’Afrique est présente dans les phases importantes de l’histoire du salut. Dans le livre de l’Exode, le peuple de Dieu, Israël, a été choisi par Yahvé sur les terres africaines, en Égypte. C’est en Égypte que Joseph sauve ses frères. C’est en Égypte donc en Afrique que Jésus trouve refuge alors qu’il pouvait aller ailleurs.

À la Pentecôte, La Lybie et l’Égypte étaient présentes. L’eunuque éthiopien a été baptisé par Philippe. N’oublions pas la grande rencontre entre la reine de Saba venu de l’Éthiopie et le Roi Salomon.

On ne peut de ce fait pas parler de l’histoire de la Bible et omettre la présence positive de l’Afrique. Dieu a donc associé l’Afrique dans son plan de salut qu’il propose à l’humanité. Si Dieu voulait exclure les Africains de son salut, l’Afrique n’allait même pas être citée positivement dans la Bible. C’est l’homme qui a voulu exclure l’Afrique du plan de Dieu.

2-Au niveau théologique

Dans l’évolution de l’Église et du christianisme, dès les premiers siècles, des intellectuels, théologiens africains ont participé à l’invention du vocabulaire chrétien. Nous avons Tertullien un alexandrin qui inventa le mot Trinité, Augustin qui développa cette doctrine, Athanase et Cyrille d’Alexandrie pour leurs apports au niveau christologique et Cyprien de Carthage pour ses réflexions au niveau ecclésiologique. C’est Athanase d’Alexandrie qui inventa en 325 le mot : Homoousios : Consubstantiel, utilisé dans le Credo de Nicée Constantinople.

3-Les chrétiens et le panafricanisme

Il est intellectuellement inadmissible d’opposer Christianisme et Panafricanisme. En effet, dans la naissance des grands mouvements d’affirmation du peuple noir, les intellectuels chrétiens noirs et africains ont été présents. Les intellectuels chrétiens, les théologiens et pasteurs ont été toujours engagés dans la lutte pour la valorisation de l’Afrique dans sa dignité et dans sa culture. Prenons le cas d’Alioune Diop le Passeur. Ce chrétien laïc catholique sénégalais a été l’une des pièces maîtresses autour de qui la lutte pour l’émancipation du peuple noir a été élaborée et conçue intellectuellement à partir de 1940. C’est autour de lui que se rassemblait beaucoup d’intellectuels noirs. En 1947, il crée à Paris la Revue présence africaine avec pour image de couverture un masque Dogon.

C’est lui qui en 1949, à travers sa maison d’édition Présence africaine, offrit un espace aux intellectuels noirs pour s’exprimer. En effet, en 1956, c’est ce chrétien catholique laïc africain qui organisa à Paris le Congrès des écrivains et des artistes africains et noirs.

Il faut préciser que c’est dans la dynamique du Panafricanisme que les intellectuels chrétiens africains lanceront la théologie africaine avec leur premier livre en 1957 : les prêtres noirs s’interrogent. Ce livre posa les bases d’un panafricanisme chrétien, les bases de l’affirmation du chrétien noir dans la foi.

Les différentes phases de la théologie africaine : l’adaptation, la pierre d’attente, l’incarnation, l’inculturation et la théologie de la libération de l’homme noir sont des manières pour les intellectuels chrétiens de lutter pour l’affirmation de l’homme noir.

Que retenir ?
Il est vrai que du fait de certains liens entre l’esclavage, la traite négrière, la colonisation et des pasteurs, il est tout à fait normal de condamner l’Église et de présenter le christianisme comme l’ennemi du Panafricanisme. Des individus et des peuples ont utilisé la parole de Dieu, ont utilisé l’Église pour faire exploiter, animaliser les peuples noir et africain. Ce qui est contraire à la Parole de Dieu.

En 1992, le Pape Jean-Paul II a condamné cela à Gorée au Sénégal et a demandé pardon, ce que les grandes nations qui exploitent l’Afrique n’ont jamais fait.
Le Dieu du christianisme dans sa parole, dans sa Bonne Nouvelle d’amour n’a jamais considéré les Africains comme des sous-hommes.
Le panafricanisme dans le sens de la libération et de l’égalité des peuples ne peut pas être l’ennemi du christianisme. Voilà pourquoi des intellectuels chrétiens ont été au fondement de cette lutte. Les chrétiens mènent leur luttent avec le Dieu trinitaire et dans le respect de la doctrine de leur Église à travers sa doctrine sociale qui prône l’égalité des peuples. C’est avec la parole de Dieu, parole d’amour, parole de vérité, parole de justice, que les chrétiens africains libèreront l’Afrique, comme l’affirme le théologien brazavillois Poucouta.

À la question du Christ : Pour vous qui suis-je ?
Les Africains répondent que le Christ est le Dieu qui libère l’homme noir, dixit Jean-Marc Ela.
Avec cette réflexion, nous pouvons comprendre que le Panafricanisme n’est pas un courant qui insulte les chrétiens africains. Le panafricanisme n’est pas anti-christianisme.
On peut être chrétien et être panafricain.
Chaque Africain, selon ses convictions et ses croyances, mène la lutte dans le respect des autres et avec les autres.

Le vrai panafricanisme et le christianisme ne sont donc pas incompatibles. La foi est une lumière qui éclaire le chrétien panafricain pour éviter un panafricanisme étriqué et extrémiste. Et le panafricanisme permet au chrétien africain de ne pas s’enfermer dans la sacristie, dans les quatre murs pour chanter Alléluia pendant que le peuple a besoin de charité et vérité.
Le panafricanisme invite le chrétien africain à être témoin et prophète.

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