Hommage à l’ancêtre Benezet Bujo

Né en 1940, l’abbé Benezet Bujo de la République du Congo, un des pionniers de la Théologie africaine, est décédé le 9 novembre 2023 en Suisse où il était professeur émérite de l’université de Fribourg.

Bujo, c’est l’art de penser un christianisme purement africain. Bujo est d’abord un Moraliste. Il est celui-là qui lie Morale africaine et Morale chrétienne.
De la Morale, il est devenu un théologien qui a toujours lutté pour un christianisme authentiquement africain. Il a été plusieurs fois combattus parce qu’il était gênant par ses pensées théologiques. Bujo est de la trajectoire théologique de Jean-Marc Ela, Mveng, Bimweni Kweshi, Anselme Titianman Sanon, Raphaël Gnally a tiepe Jéku, les ancêtres de la théologie africaine. Des penseurs qui faisaient et qui font de la théologie pour libérer l’homme africain de la consommation spirituelle. Bujo a fait de la théologie un outil de libération de l’homme africain, un outil de l’autonomie des Églises africaines.
Avec Bujo, on découvre que la théologie n’est pas un outil d’ascension sociale et ecclésiastique. Le théologien combat, parle, invente, propose, libère et assume sa pensée comme le Verbe de Dieu jusqu’à la dernière station, en rendant l’âme au Père.
Avec Bujo, la théologie n’est pas seulement une science, mais un style de vie qui met devant vous des pharisiens, des Pharaons et des Pilates, ainsi que des Goliath et des Philistins.

Ce que Benezet Bujo nous laisse comme héritage dans son vaste patrimoine théologique est que la théologie n’est pas de la perroquelogie. C’est-à-dire que le théologien n’est pas là pour répéter les concepts et catégories de pensée loin des réalités de son peuple, pour faire plaisir et se faire applaudir. Un théologien qui cherche des applaudissements, des honneurs et des rangs deviennent un âne théologique.

Merci maître, merci l’ancêtre. Maintenant rejoint l’éternité, oui, là où la théologie pensée devient la théologie contemplée. Que Jean-Marc Ela, Mveng, Bimweni Kweshi te reçoivent pour faire désormais partie de la litanie des théologiens africains. Nos ancêtres aux cœurs droits à qui nous pouvons parler non pas en versant le vin de palme lors de la libation, mais en répandant le vin au ciel parce que désormais le ciel est ouvert.

Un théologien ne rend pas l’esprit aux hommes, il remet son esprit au Père, et quand les hommes lui envoient l’eau mêlée de vinaigre, symbole d’hypocrisie, il est déjà parti là où l’Heure est sans heures.

Père Marius Hervé Djadji : le Fils des lianes de Yaobou, Madi, le Katakyé, Sroukou, le Python théologique.