Prière pour les âmes du purgatoire : Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire et dire ?

A partir de la doctrine officielle de l’Église, j’aimerais que nous purifiions notre dévotion à la spiritualité destinée aux âmes du purgatoire.

Que dit l’Église catholique ?

« On exclura des prédications populaires auprès des gens, les questions plus difficiles et subtiles, qui ne sont d’aucune utilité pour l’édification, et desquelles la plupart du temps la piété ne tire aucun profit. On ne permettra pas que soient divulgués et abordés des points incertains ou qui sont apparemment faux. On interdira, comme scandaleux et offensant pour les fidèles, tout ce qui relève d’une certaine curiosité ou de la superstition ou tout ce qui a indécemment goût de lucre (profit, argent, gain» (Concile de Trente : Décret sur le purgatoire).
Ce texte du concile de Trente s’appuie sur les conciles de Lyon II et de Florence pour instruire les fidèles au sujet du purgatoire. Il faut signaler que concernant cette doctrine il existe beaucoup de déviations qui ne cadrent pas avec l’enseignement.
Dans l’Église, s’appuyant sur l’art et des visions privées, des groupes développent beaucoup de spiritualités au sujet du purgatoire qui frisent l’hérésie. Aujourd’hui encore sur des paroisses, il existe des pratiques qui contredisent l’enseignement officiel de l’Église catholique. Les évêques et les prêtres sont invités depuis le concile de Trente à purifier les dévotions et prières au sujet des âmes du purgatoire.

I. Quels sont les pratiques à purifier?

1-Au sujet du feu : Le feu temporaire du purgatoire est un point qui a été beaucoup développé dans les textes officiels de l’Église catholique et par les théologiens catholiques. L’Église catholique fonde son enseignement sur le feu purificateur à partir de saint Paul (1 Co 3, 13-15). Ce dernier affirme dans cette péricope que « l’œuvre de chacun sera mise en évidence. Le jour du jugement la fera connaître, car il se manifeste par le feu, et le feu éprouvera ce que vaut l’œuvre de chacun. Celui dont l’œuvre sera consumée en sera privé ; lui-même sera sauvé, mais comme on l’est par le feu » (1 Co 3, 13-15). Mais dans l’enseignement officiel de l’Église, on reste prudents concernant le feu pour ne pas créer de la confusion avec le feu de l’enfer.
C’est pourquoi, les conciles de Lyon II, de Florence, de Trente et de Vatican II préfère utiliser le verbe purifier. Il est vrai que dans les réflexions de théologiens et même des papes et saints, on parle d’un feu purificateur, mais il faut être prudents dans la manière de présenter le feu purificateur du purgatoire car le feu fait penser directement à l’enfer.

2-La durée

Beaucoup de groupes de prières s’appuyant sur des visions, l’art et de certains écrits parlent d’une durée précise, d’un temps précis que les âmes du purgatoire passent dans cet état. Il faut dire que l’Église catholique, dans sa doctrine officielle, n’enseigne pas cela. Elle parle du purgatoire mais ne parle pas d’un éventuel délai.

3-L’emprisonnement
Dans les états eschatologiques qui sont le paradis, le purgatoire et l’enfer, l’emprisonnement concerne surtout l’enfer d’où on ne sort plus. Quand on parle de douleurs atroces et prison éternelles, on ne parle pas du purgatoire.

4-La question du gain
Le concile de Trente invite les pasteurs à faire attention concernant le lien entre l’argent et la prière pour les âmes du purgatoire. Il faut dire que les déviations sur cette question ont été un argument des réformateurs au XVIème siècle. Aujourd’hui encore on retrouve des prédications et des réflexions qui ne sont pas loin d’un achat du paradis. On n’achète pas le salut pour un défunt au purgatoire. On demande des messes, on prie pour lui, mais il faut éviter de prêcher dans le sens du salut du défunt en fonction de la somme qu’il faut donner à la messe.

5-Le péché et les peines

Selon la doctrine de l’Église, la prière pour les âmes du purgatoire concerne les défunts qui n’ont pas commis de péché mortel. Les péchés véniels n’excluent pas le pécheur de la charité et de la miséricorde de Dieu. Le pécheur véniel ne s’éloigne pas de la charité de Dieu. Malgré le péché, la charité demeure en lui, contrairement au péché mortel qui affecte et efface la charité. Les peines dues aux péchés véniels peuvent être purifiées après la mort. Elles diffèrent du péché et peuvent être définies comme des regrets qui tourmentent l’individu.
Dès lors à la différence des pécheurs dont les peines ont été satisfaites sur terre et qui sont au ciel après leur mort, ceux dont les peines des péchés véniels demeurent, ont la possibilité, dans un état médian de se défaire de leurs peines pour bénéficier de la grâce de la vision béatifique. Cette herméneutique scolastique est selon André de Halleux, un arsenal théologique, un support rationnel qui a permis aux catholiques de mieux expliciter le purgatoire à partir des fondements bibliques (2 M, 12, 46 et 1 Co 3, 13-15) qui sont les textes sacrés sur lesquels ils s’appuient pour défendre la doctrine du purgatoire.
En effet, « Par la doctrine du purgatoire, l’Église catholique entend que l’âme de celui qui est mort vraiment pénitent, dans la charité qui la confirme dans la justice de Dieu, porte encore en elle les conséquences des péchés commis. Cette âme est alors purifiée après la mort des conséquences des péchés par le moyen des peines purificatrices » (Cf. Déclaration entre Coptes orthodoxes et catholiques). Il n’est donc pas question au purgatoire des âmes qui portent jusqu’à la mort, un péché mortel.

6-L’identification des âmes

Au purgatoire, on ne peut pas identifier les défunts. Donc lorsque l’on prie pour les âmes au purgatoire, on prie sans savoir pour qui nous prions. Dieu seul sait qui a besoin de nos prières. C’est pourquoi la prière pour les âmes du purgatoire est un acte de charité. On ne choisit pas celui pour qui on prie. On ne sait pas si Kaffa est au purgatoire.

II. Que retenir ?

L’Église catholique interpelle et invite à la prudence au niveau de plusieurs points concernant le purgatoire. L’Église n’insiste pas sur le nombre du temps que passent les défunts au purgatoire, elle ne décrit pas le mode opératoire de la purification, elle ne parle pas d’un feu qui brûle comme celui de l’enfer, elle ne définit pas le purgatoire comme un lieu de tourments. La doctrine de l’Église est très mesurée et prudente. Et le concile de Trente invite au sujet des pratiques, les évêques et prêtres à ne pas laisser « exposer ni répandre les idées douteuses ». De même, ils ne doivent pas laisser les pratiques qui conduisent à la superstition et « celles qui ont un relent de gain désavouable ».
De même, le concile Vatican II exhorte les pasteurs à veiller à ce que la saine et authentique doctrine du purgatoire soit pratiquée dans les Églises et non des déviations et dévotions personnelles qui, souvent sont intéressées (Lumen gentium 51). Il faut éviter d’exposer nos imaginations et nos croyances personnelles souvent superstitieuses. Donc au sujet du purgatoire, nous vous invitons à faire la différence entre l’enseignement de l’Église et les spéculations et pratiques non catholiques. Il faut prier pour les morts, mais ils ne faut pas que les demandes de messe pour les morts deviennent une escroquerie spirituelle, une occasion de rechercher un gain frauduleux comme l’affirme le concile de Trente.
Dans l’Église catholique on n’achète pas une place au paradis pour un mort comme dans un concert ou dans un stade.

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