Est-ce que les Conférences épiscopales africaines désobéissent au Pape ?

Il faut bien comprendre l’organisation de l’Église catholique. Dans l’Église catholique, le Pape est l’évêque de Rome, successeur du chef des apôtres, Pierre. Il est le chef suprême de l’Église. Il détient un pouvoir plénier et direct. Il est le Pasteur de L’Église universelle, donc le pasteur de tous les catholiques du monde. On appelle Église universelle, la communion de toutes les Églises locales, appelées aussi, Églises particulières. On ne parle pas d’association, on parle de communion. Le terme est très important.

Nous avons ensuite les évêques, qui sont les successeurs des apôtres. À la tête de chaque Église locale ou diocèse, il y a un évêque nommé par le Pape. Chaque évêque est en communion avec le Pape et en communion avec tous les autres évêques de son pays, de son continent et du monde. C’est ce qu’on appelle la collégialité. C’est comme dans la Bible, toujours Pierre et les Onze. La communion entre les évêques et le Pape est l’expression de la communion entre les douze apôtres.
Chaque évêque est le premier berger de son diocèse. Il a le pouvoir d’organiser son diocèse, de prendre des décisions pastorales pour son diocèse.
Au niveau des normes pastorales, des décisions, des lois au niveau liturgique et canonique, le Vatican permet à chaque évêque d’apprécier les décisions prises par Rome, de discerner et de les pratiquer ou pas selon le contexte pastoral, culturel, sensibilités et besoins du diocèse.
Rome peut dire que pour l’âge de mariage d’une femme à l’Église est 15 ans et un diocèse peut mettre 20 ans. Au niveau de la mise en pratique des orientations pastorales, disciplinaires et canoniques, il y a toujours la liberté donnée à chaque diocèse ou Conférence épiscopale d’apprécier. Voilà pourquoi par exemple, il y a des pays qui ne célèbrent pas l’assomption le 15 août pour certaines raisons, il y a des diocèses qui n’acceptent pas des jeunes filles comme enfant de chœur….. Les évêques obéissent au Pape en étant toujours en communion avec lui, ce qui ne signifie pas que les évêques n’ont pas d’avis à donner. Les papes ne sont pas des dictateurs comme le pensent beaucoup. Souvent ce sont certains évêques qui n’usent pas de leur droit d’avis, d’appréciation d’une décision de Rome, qui fait croire que Rome s’impose. Cependant, ce droit de gérer librement son diocèse, ne signifie pas que l’évêque est un électron libre. Non. Il doit toujours être en communion avec le Pape et les autres évêques.

Que retenir ?

Dans le document du Vatican sur la signification des bénédictions, dès l’introduction, le Dicastère donne le ton en utilisant le mot possibilité et en donnant le statut du texte qui est une Déclaration. Donc le document en lui-même ouvre le débat, et permet à chaque Conférence Épiscopale d’apprécier, surtout que la partie polémique se situe au niveau pastoral. Dès lors, chaque Conférence Épiscopale apprécie, et donne son avis dans le respect du Pape. C’est ce que font les évêques africains, individuellement ou par Conférence épiscopale.
Si vous lisez les textes des évêques africains, vous verrez la posture pastorale. Ils ne désobéissent pas au Pape, ils usent de leur droit que leur confère l’Église et même le statut du document. Ils le font dans le respect du Pasteur suprême qui est le pape.

Désobéir au Pape, en théologie et dans l’Église, cela signifie rupture de communion, ne plus être catholique, devenir schismatique. Ici les évêques ne refusent pas d’accepter une déclaration dogmatique, une déclaration faite ex cathedra avec l’usage de l’infaillibilité, ils ne refusent pas des décisions d’un concile. Ils ne refusent pas une Encyclique, une Exhortation apostolique, ils ne refusent pas un texte dans lequel il est dit que tous les évêques doivent l’appliquer de facto, sinon ils seront anathèmes.
Donc les évêques africains ne sont pas en rupture de communion, ils ne désobéissent pas au Pape, par leur réaction, ils montrent le fonctionnement ordinaire de l’Église depuis les premiers siècles, que beaucoup découvrent aujourd’hui.

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Père Marius Hervé Djadji
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